Blessée par une mort tragique entre toutes, le suicide de son fils : témoignage de la maman de Patrick.
J’étais installée, fière de mes enfants. Heureuse presque. J’avais 66 ans. Encore 14 ou 15 ans avant que ne sonne l’heure du départ.
Quand, soudain, cette chose énorme, terrible. Cette croix. D’un seul coup, tout bascule. Tout devient dérisoire : ce que l’on avait cru, ce que l’on avait dit, ce bonheur dont on avait la prétention d’être l’artisan et le maître. Dans l’instant presque, j’ai su que je ne serais plus jamais la même femme. Qu’il y aurait désormais un avant et un après cette grande blessure. Il n’y a rien de pire que de perdre un enfant. Rien de pire surtout qu’un fils qui se donne la mort. C’est ce qui me tiendra à genoux jusqu’à la fin de ma vie. Seigneur, pourquoi ? Lui sait, le Seigneur. Mais moi, je ne sais pas, et je dois accepter de rester sur le seuil.
C’est ce que m’a dit frère Roger quand je suis allée dans la communauté de Taizé, vivre la fête de l’Assomption :
« Ne cherchez plus, ne vous tourmentez pas, ne vous culpabilisez pas ; la mort de Patrick est dans la main du Seigneur et dites-vous que le Seigneur lui-même est descendu aux enfers pour y relever tous ceux qui y tombent. »
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Frère Roger avait raison. Et tout à l’heure, après la messe, je me suis souvenue de cette autre parole de l’Evangile à propos du jeune homme riche. Comme il avait été demandé au jeune homme riche que Jésus aima, Patrick a tout quitté pour le suivre. Pardonne-lui, Seigneur, de n’avoir pas attendu que ce soit Toi qui l’emmènes. Mais ça, c’est ton mystère. Que mon fils repose, qu’il se repose dans ta Paix.
Accueille l’enfant prodigue tout chargé de ses pauvres folies, de ses pauvres fautes. Dans les bras du Père tout est pardonné, tout est oublié : c’est la fête. Nous n’avons pas à juger. Dieu seul connaît le fond des âmes, Dieu seul connaît la raison des gestes, Dieu seul, par sa Parole, peut réaliser toutes les métamorphoses.
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