Que disait de la mort le fondateur de l’Opus Dei, Saint José-Maria Escriva ? La réponse du François Gondrand, son premier biographe. Un vrai témoignage !
« Nous sommes tous petits et sans défense devant le mystère de la mort. Mais quelle grâce si, à ce moment-là, nous gardons dans le cœur la flamme de la foi ! Jésus nous prendra par la main, comme il a pris par la main la fille de Jaïre, et il redira encore une fois : ‘Talitha koum’, ‘Jeune fille, lève-toi !’ (Evangile de Marc, 5,41). Il nous le dira, à chacun de nous : ‘Relève-toi, ressuscite !’ », a déclaré le pape François, au cours d’une audience générale, le 18 octobre dernier (lire notre article : Que dit le pape François de la mort ?). On retrouve le même optimisme chez des auteurs spirituels. Pour la période contemporaine, chez saint Josémaria Escriva, le fondateur de l’Opus Dei, qui évoquait à plusieurs reprises la mort dans les points de son ouvrage le plus connu, Chemin. Ce recueil de conseils spirituels, fruit de son travail pastoral au milieu de jeunes étudiants de Madrid, dans les années trente, a connu par la suite un si grand succès, que son tirage atteint aujourd’hui 4.780.000 exemplaires cumulés, en 51 langues.
Il y parlait de cette peur de la mort, si courante à toutes les époques, à laquelle le pape faisait allusion. C’est ainsi qu’il écrivait :
« Les « autres », la mort les arrête et les paralyse. — Nous, la mort — la Vie — nous stimule et nous encourage. Pour eux, c’est la fin; pour nous, le commencement » (738).
La loi de la vie et de la mort est pourtant inéluctable, car elle est liée à notre condition humaine :
« C’est maintenant votre heure et le règne des ténèbres. » — Le pécheur a donc son heure ? — Oui… et Dieu son éternité » (734).
Mais un chrétien ne peut en rester là :
« Si tu es apôtre, la mort te sera une bonne amie qui aplanira ton chemin » (735).
« As-tu vu tomber les feuilles mortes par un triste soir d’automne ? Ainsi tombent les âmes chaque jour dans l’éternité. Un jour, la feuille morte, ce sera toi » (736).
« N’as-tu pas entendu avec quelle tristesse les mondains se plaignent de ce que « chaque jour qui passe, c’est mourir un peu » ? Mais moi, je te dis : réjouis-toi, âme d’apôtre, car chaque jour qui passe te rapproche de la Vie » (737).
« Les ‘autres’, la mort les arrête et les saisit de crainte. — Nous, la mort — la Vie — nous stimule et nous encourage. Pour eux, c’est la fin ; pour nous, le commencement » (738).
L’acceptation de notre destinée ne se fait pas sans effort, mais dans l’espérance :
« Ne crains pas la mort. — Accepte-la dès maintenant, avec générosité…, quand Dieu voudra…, comme Dieu voudra…, où Dieu voudra. — N’en doute pas, elle viendra à l’heure, à l’endroit et de la manière qui conviendront le mieux…, envoyée par Dieu, ton Père. — Bienvenue soit notre sœur la mort ! » (739).
La dernière phrase de ce point nous rappelle les paradoxes pédagogiques formulés par le grand saint que fut François d’Assise. Immédiatement après Escriva monte le ton :
« Quel est le mécanisme du monde qui se déréglera si je viens à manquer, si je viens à mourir ? » (740).
Le point suivant nous rappelle les « vanités » assez effrayantes du peintre espagnol baroque Valdés Léal, que l’auteur cite d’ailleurs explicitement tout de suite après :
« Ne vois-tu pas que le cadavre de l’être aimé se décompose en humeurs pestilentielles ? — Voilà ce que c’est qu’un beau corps ! — Contemple-le et tires-en les conséquences » (741).
« Ces tableaux de Valdés Léal, qui représentent tant de charognes distinguées — évêques et chevaliers de l’ordre de Calatrava — en pleine putréfaction, il me semble impossible qu’ils ne t’émeuvent pas. Et que dire de la plainte de saint François Borgia alors duc de Gandie : ‘Je ne veux plus servir de maître que la mort puisse me ravir’ ? » (742)
En effet, François Borgia (1510-1572), grand écuyer de la reine Isabelle de Portugal, épouse de l’empereur Charles V, était présent à l’ouverture du cercueil de celle-ci quelque temps après sa mort, spectacle qui le poussa à une conversion. Le jeune Escriva a pu, dans sa jeunesse, admirer un tableau qui dépeint cette scène de manière réaliste dans la collégiale de la ville de Logroño, où il résidait alors. On y voit les courtisans se boucher le nez devant le cadavre de la reine.
Certes il y aura pour chacun de nous un jugement (dit particulier), mais, si nous devons nous en souvenir, il ne doit pas effrayer un chrétien qui aura été fidèle à sa foi :
« Et il viendra juger les vivants et les morts », disons-nous dans le Credo. — Puisses-tu, mon enfant, ne perdre de vue ni le jugement, ni la justice… ni le Juge » (745).
« Toi — si tu es apôtre — tu ne mourras pas. — Tu changeras de demeure, voilà tout » (744) .
« Ton âme ne brûle-t-elle pas du désir que Dieu, ton Père, soit content, le jour où il devra te juger ? » (746).
« Tu me parles de mourir « héroïquement ». — Ne crois-tu pas plus « héroïque » de mourir discrètement, dans un bon lit, comme un bourgeois…, mais du mal d’Amour ? » (743).
« Celui qui vient à moi, je ne le jetterai pas dehors » (Evangile de Jean, Jn 6, 37). L’Église est une bonne mère. Elle cherche à faciliter notre accès à la Vie éternelle. Comme un avocat devant le Tribunal, elle plaide notre dossier et fait aussi ‘vibrer la corde sensible’ : elle en appelle à la miséricorde de Dieu en élevant des suffrages pour ses enfants défunts. C’est pourquoi nous sommes encouragés, en ce mois des défunts, à visiter leur tombe. C’est un lieu de mémoire, mais aussi d’échange. Notre union à ceux qui se sont endormis dans la paix du Christ, loin d’être interrompue par leur mort, se fortifie par la communication de biens spirituels (Vatican II, consitution Lumen Gentium 50) : ceux que nous leur apportons par nos prières ; ceux qu’ils nous apportent par leur proximité de Dieu. Et notamment : la capacité d’affronter la mort avec sérénité, la détermination de parvenir au ciel : « Il nous faut rechercher avec le plus grand soin l’aide et la prière des saints (les bienheureux et les âmes bénies du purgatoire) afin que leur intercession nous obtienne ce qui demeure hors de nos propres possibilités » disait saint Bernard.
Saint Josémaria Escriva a été rappelé à Dieu d’un arrêt cardiaque, le 26 juin 1975, dans son bureau, au pied d’une représentation de la Vierge de Guadalupe. Il avait confié avoir demandé la grâce de mourir sans faire de bruit, et sans gêner personne…
- Pour aller plus loin : se procurer la biographie de Saint José-Marie Escriva, Au pas de Dieu, par François Gondrand, Artège 2017
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