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Pour le père Jean-Marc Bot, auteur de nombreux livres sur les fins dernières(*), la question de la vie après la mort a longtemps été passée sous silence. Il faut donc y revenir d’urgence ! Extrait d’un interview paru dans le numéro spécial d’Il est vivant! (que vous pouvez vous procurer ici).

Pourquoi un tel intérêt pour la vie après la mort ?

Père Jean-Marc Bot : La question de la vie après la mort – donc celle des fins dernières – a été passée sous silence pendant des décennies. À titre personnel, je peux témoigner que le sujet n’a pas été abordé au long de ma formation de prêtre. Me posant des questions, je me suis lancé dans une recherche approfondie et autodidacte, et j’ai estimé ensuite qu’il était urgent d’en transmettre les fruits. Alors que j’étais curé de la cathédrale de Versailles, j’ai donné une série de conférences sur les fins dernières deux années de suite. Le recteur de Montligeon de l’époque, le père Paul Préaux, que je suis allé rencontrer, m’a vivement encouragé à écrire une trilogie sur le paradis, le purgatoire et l’enfer… Par ailleurs, dans les Manuscrits autobiographiques, Thérèse de Lisieux raconte qu’à l’âge de 14 ans, elle a été bouleversée par la lecture des conférences du père Charles Arminjon, éminent prédicateur du XIXe siècle, sur La fin du monde présent et les mystères de la vie future2. Elle dit même que cela a été l’une des plus grandes grâces de sa vie. La conférence sur le ciel l’a particulièrement enthousiasmée. Elle en a recopié des passages entiers. J’ai pensé qu’il serait bien qu’au XXIe siècle, des jeunes (et des moins jeunes) puissent eux aussi trouver des livres sur ces sujets et qu’il était important de rendre accessible ce message de l’Église trop souvent occulté. Les fins dernières sont un thème omniprésent chez les saints… Malheureusement, les grands théologiens modernes  n’ont pas toujours été en phase avec l’enseignement de l’Église, en particulier sur la question de l’enfer, réduite à une interrogation sans réponse…

Pourquoi, selon vous, la perspective de la vie éternelle est-elle tant occultée ?

L’historien Guillaume Cuchet a très bien démontré qu’à partir de la guerre de 1914-1918, qui a été un traumatisme majeur pour des millions de personnes, le contact avec les fins dernières s’est perdu largement (Le crépuscule du purgatoire, éditions Armand Colin, 2005). À partir de ce moment-là, on parle d’ailleurs de « l’au-delà » et non plus de « fins dernières ». Ce changement sémantique est révélateur. On constate qu’après la Première guerre mondiale, les intentions de messe pour les âmes du purgatoire ont chuté de moitié d’un coup (lire aussi :). Cela s’explique par le traumatisme vécu. La plupart des gens, plongés dans un profond désespoir, ont alors perdu tous leurs repères. Brancardier pendant la guerre, le père Teilhard de Chardin lui-même écrit en 1919 : « Je me suis souvenu de nos morts, sous le souffle de la guerre. Tous ces héros me paraissaient s’échapper de la terre comme les étincelles que le vent fait jaillir d’un brasier. Peut-être pour l’éclosion d’une telle gerbe de lumière, j’aurais compris que nous ayons souffert si j’avais pu apercevoir la flamme vivante où les âmes des tués allaient s’intégrer. Mais cette flamme n’est pas visible de la terre. Elle brille dans un autre cercle de notre univers. Au scandale des maux que nous avons subis, ce n’est pas la perfection des vies qui nous ont quittés, mais une amélioration constatée ici-bas sur la terre qui peut donner la seule réponse que nous attendons. » On perçoit dans ce texte qu’à la verticalité des fins dernières s’est substituée une espérance pour ici-bas. Ce mouvement s’est accentué par la suite. La répétition des guerres puis l’émergence et le développement de la société de consommation ont fait s’éloigner de plus en plus l’horizon des fins dernières dans la société contemporaine.

Certains disent : «  La vie après la mort ? On ne peut rien en dire ! Personne n’en est jamais revenu  » (sauf le Christ, pour nous !) : comment leur répondre ?

Il est amusant de constater que le même argument apparaît dans l’Évangile, dans la parabole du pauvre Lazare et du riche (Luc chapitre 16, versets 19-31). Le riche, qui est mort et, répondant de ses actes, souffre terriblement, supplie qu’on envoie quelqu’un convaincre ses frères encore sur terre du risque qu’ils courent. « Abraham lui répond : Ils ont Moïse et les Prophètes : qu’ils les écoutent ! Non, père Abraham, dit le riche, mais si quelqu’un de chez les morts vient les trouver, ils se convertiront. Abraham répondit : S’ils n’écoutent pas Moïse ni les Prophètes, quelqu’un pourra bien ressusciter d’entre les morts : ils ne seront pas convaincus. » Cette parabole est intéressante car elle nous ramène à l’Écriture, mais aussi à la tradition de l’Eglise et au magistère – son enseignement. Quand on ne se situe plus dans cette perspective, on cherche d’autres points d’appui. Et on n’est pas prêts, même si quelqu’un revient de l’au-delà, à y croire. On trouvera toujours une bonne raison de ne pas y croire. Lors des funérailles, les personnes présentes dans l’assemblée sont assez souvent éloignées de l’Église. Je leur propose une catéchèse sur le Credo – le contenu de la foi chrétienne -, leur rappelant que nous, catholiques, croyons à la communion des saints, à la résurrection de la chair et à la vie éternelle !

(*) Ses livres : L’Enfer – Affronter le désespoir; Le Purgatoire – Traverser le feu d’amour ; Le Paradis – Goûter la joie éternelle, Éditions Emmanuel, 2014. Mais aussi : Les mystères de la vie éternelle, toutes vos questions sur l’au-delà…Artège, 2017. Et Ils reconnaîtront en vous mes disciples, Ce qui fait que nous sommes catholiques, Artège, 2019.

 

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