« Jésus lui-même s’est ému et s’est mis à pleurer lors de la veillée funèbre d’un ami » a rappelé le pape dans une longue méditation sur les conséquences de la mort pour les proches et la famille, tirée de sa lettre apostolique sur l’amour dans la famille publiée en mars 2016. Quelques extraits (première partie).
Quand la mort nous transperce de son aiguillon
Parfois la vie familiale est affectée par la mort d’un être cher. Nous ne pouvons pas nous lasser d’offrir la lumière de la foi afin d’accompagner les familles qui souffrent en ces moments.
L’angoisse de la perte de l’être aimé
Je comprends l’angoisse de celui qui a perdu une personne très aimée, un conjoint avec lequel il a partagé beaucoup de choses. Jésus lui-même s’est ému et s’est mis à pleurer lors de la veillée funèbre d’un ami (1). Et comment ne pas comprendre les pleurs de celui qui a perdu un enfant ? Car c’est « comme si le temps s’arrêtait : un précipice s’ouvre, qui engloutit le passé et aussi l’avenir (…). Parfois, on arrive même à en attribuer la faute à Dieu. Combien de personnes — je les comprends — (s’en prennent à) Dieu ».
Le veuvage est une expérience particulièrement difficile
Et le pape de poursuivre : « Le veuvage est une expérience particulièrement difficile (…). Au moment où ils doivent en faire l’expérience, certains parviennent à reverser leurs énergies, avec plus de dévouement encore, sur leurs enfants et petits-enfants, trouvant dans cette expression d’amour une nouvelle mission éducative (…). Ceux qui ne peuvent pas compter sur la présence de membres de la famille, auxquels se consacrer et dont ils peuvent recevoir affection et proximité, doivent être soutenus par la communauté chrétienne avec une attention et une disponibilité particulières, surtout s’ils se trouvent dans des conditions d’indigence ».
Un deuil qui peut durer longtemps
En général, le deuil pour les défunts peut durer longtemps, et lorsqu’un pasteur veut accompagner ce processus, il faut qu’il s’adapte aux besoins de chacune de ses étapes. Tout le processus est jalonné de questions, sur les causes de la mort, sur ce qu’on aurait dû faire, sur ce que vit une personne juste avant la mort. Grâce à un parcours sincère et patient de prière et de libération intérieure, la paix revient. À un certain moment du deuil, il faut aider à découvrir que nous qui avons perdu un être cher, nous avons encore une mission à accomplir, et que cela ne nous fait pas du bien de vouloir prolonger la souffrance, comme si elle constituait un hommage.
La personne aimée n’a pas besoin de notre souffrance
La personne aimée n’a pas besoin de notre souffrance et ce n’est pas flatteur pour elle que nous ruinions nos vies. Ce n’est pas non plus la meilleure expression d’amour que de se souvenir d’elle et de la nommer à chaque instant, car c’est s’accrocher à un passé qui n’existe plus, au lieu d’aimer cet être réel qui maintenant est dans l’au-delà. Sa présence physique n’est plus possible, mais si la mort est une chose puissante, « l’amour est fort comme la mort » (2). L’amour a une intuition qui lui permet d’écouter sans sons et de voir dans l’invisible. Il ne s’agit pas d’imaginer l’être aimé tel qu’il était, sans pouvoir l’accepter transformé, tel qu’il est à présent. Jésus ressuscité, lorsque son amie Marie a voulu l’embrasser de force, lui a demandé de ne pas le toucher (3), pour la conduire à une rencontre différente.
La vie après la mort ?
Nous sommes consolés de savoir que la destruction complète de ceux qui meurent n’existe pas, et la foi nous assure que le Ressuscité ne nous abandonnera jamais. Ainsi, nous pouvons empêcher la mort de « nous empoisonner la vie, de rendre vains nos liens d’affection, de nous faire tomber dans le vide le plus obscur ». La Bible parle d’un Dieu qui nous a créés par amour, et qui nous a faits de telle manière que notre vie ne finit pas avec la mort (4). Saint Paul nous fait part d’une rencontre avec le Christ immédiatement après la mort : « J’ai le désir de m’en aller et d’être avec le Christ » (5). Avec lui, après la mort, nous attend « ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment » (6). La préface de la Liturgie des défunts dit merveilleusement : « Si la loi de la mort nous afflige, la promesse de l’immortalité nous apporte la consolation. Car pour ceux qui meurent en toi, Seigneur, la vie n’est pas détruite, elle est transformée ». En effet « nos proches n’ont pas disparu dans l’obscurité du néant : l’espérance nous assure qu’ils sont entre les mains bonnes et fortes de Dieu ».
Pour aller plus loin :
- Connaissez-vous la résurrection de Lazare ?
- Que dit le pape François de la mort ?
- Comment prier Dieu ?
Notes
(1) Episode de Lazare et Jésus, raconté dans l’Evangile de Jean, chap. 11, versets 33-35
(2) Ct 8,6
(3) cf. Jn 20, 17
(4) cf. Sg 3, 2-3
(5) Ph 1, 23
(6) 1 Co 2, 9
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