Un proche murmure « je veux mourir ». Trois mots qui transpercent. Ils réveillent, blessent et bousculent. Comment répondre sans trahir ? Comment aimer sans supprimer ? Ce dilemme bouleverse parce qu’il est profondément humain.
1. Quand la demande d’un proche devient un vertige intérieur
« Je veux mourir. » Trois mots qui transpercent. Ils ne tombent jamais dans le vide. Ils réveillent, blessent, bousculent. Derrière ces mots, il y a une personne qu’on aime. Et soudain, il devient difficile de savoir comment répondre : aider, refuser, consoler, accompagner… ou simplement tenir debout à côté de celui qui s’effondre. Ce dilemme est humain, bouleversant, et parfaitement compréhensible.
D’abord, c’est un séisme. Ce proche que j’aime tant me dit doucement : « aide-moi à mourir ». Ce que je ressens est ambivalent.
D’un côté, j’éprouve de la compassion : j’ai si mal de le voir souffrir que j’ai envie de le soulager.
De l’autre, ma conscience me rappelle l’évidence : « tu donnes la mort ». Ce n’est pas aimer, c’est renoncer.
Ainsi, une question me déchire intérieurement : si je l’aide, est-ce l’abandonner ? Si je refuse, est-ce une trahison ? Cependant, je comprends une chose essentielle : la demande d’euthanasie n’est presque jamais un désir de mourir. C’est un cri : « délivre-moi de ce que je ne peux plus supporter ».
Souvent, le malade est dévoré par un cocktail amer : douleur, angoisse, peur de peser sur les siens, impression d’être devenu “inutile”. « À quoi bon ? », se dit-il. Mais il ne désire pas la mort.

2. Aimer sans supprimer : accompagner plutôt que céder
Alors, quand on aime quelqu’un, on ne choisit jamais entre « laisser souffrir » ou « donner la mort ». L’aimer, c’est rester là, même quand aucune solution ne semble évidente.
Les études sur l’euthanasie sont sans ambiguïté : dans les pays où les soins palliatifs sont proposés tôt, les demandes d’euthanasie chutent fortement.
Pourquoi ? Parce que la douleur baisse, parce que l’angoisse se calme, parce que la personne retrouve un espace pour respirer.
De plus, certains proches témoignent d’un traumatisme persistant après avoir accepté une euthanasie demandée. Ils se demandent, avec le recul, si la personne n’aurait pas changé d’avis une fois soulagée. Beaucoup disent : « J’aurais voulu rester un peu plus longtemps avec lui. »
Effacer la vie de celui qu’on aime n’est pas l’aider. C’est l’abandonner seul dans la nuit.
3. La lumière fragile des soins palliatifs : une alternative humaine
Contrairement aux idées reçues, les soins palliatifs ne prolongent pas inutilement. Ils transforment la fin de vie. Ils ne sont pas synonymes d’abandon, mais d’accompagnement.
Dans cette démarche, le malade ne disparaît pas derrière la douleur : il redevient la personne que l’on aime, que l’on entoure, que l’on accompagne. La finalité n’est pas de faire durer la vie coûte que coûte, mais de la rendre habitable jusqu’au bout.
Et quand la médecine soulage, la demande de mourir s’efface. On ne rejette pas la vie, mais seulement l’épuisement.

Conclusion : Aimer, c’est rester
La réponse, je le sais, n’est jamais simple. Mais un geste simple demeure : « Je suis là. ».Rarement, on guérit. Mais on accompagne toujours. Et croyez-moi : ce n’est pas rien. C’est immense.
« Portez les fardeaux les uns des autres : ainsi vous accomplirez la loi du Christ. »
(Galates 6, 2)
Et pour vous ? Vous êtes désemparé face à la demande d’un proche ? Parlez-en, anonymement, avec un écoutant sur le Chat’.
Pour aller plus loin
- Claire Fourcade, docteur en soins palliatifs : l’aide à mourir, c’est quoi ?
- « Aidez-moi à mourir » : Le cri de la souffrance est-il vraiment un désir de mort ? Quand la douleur devient appel à la vie
- Comment accompagner la souffrance ?
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