« Peut-on et doit-on enterrer chrétiennement un enfant mort dans le ventre de sa mère même s’il n’est pas baptisé ? Il paraît qu’avant six mois de grossesse, le corps n’est pas remis aux parents. » La réponse du Père Alain Bandelier (*)
Dans l’esprit de beaucoup, baptême, mariage et enterrement sont sur le même plan. Ils correspondent aux trois moments « sacrés » de la vie : la naissance, l’amour, la mort. Mais c’est oublier que des adultes et pas seulement des nouveau-nés reçoivent le baptême. La naissance dont il s’agit est une naissance spirituelle. Quant aux rites chrétiens qui entourent la mort, ils ne sont pas un sacrement. Ils ne sont pas non plus un laissez-passer pour l’au-delà. Ils sont encore moins la récompense d’une vie chrétienne exemplaire.
La liturgie des obsèques est une prière suppliante et confiante, en réponse à la Parole de Dieu qui éclaire notre vie et notre mort. C’est pourquoi on enterre à l’église des homme politiques ou des vedettes ou des voisins dont la vie n’a pas toujours été parfaitement évangélique. A plus forte raison, il est juste que la prière de l’Eglise terrestre accompagne ce petit qui va rejoindre l’Eglise du Ciel, baptisé visiblement dans le sacrement de la nouvelle naissance, ou invisiblement dans le désir de ses parents. La prière de l’Eglise accompagne en même temps les parents et les proches, dans le deuil qu’ils ont à vivre.
Cela soulève au passage la question de la pratique des hôpitaux. Que font-ils des fœtus qui ne voient pas le jour ? Le danger est grand en effet de traiter cette question d’un point de vue strictement sanitaire, et d’oublier qu’avant la naissance le petit d’homme n’est pas un être humain potentiel, comme on l’insinue parfois, mais un être humain avec ses potentialités. Il faut donc le traiter en tant que tel.
Renseignements pris, au-delà de six mois le droit français impose une déclaration à l’état civil, un acte de décès et une inhumation (ou une crémation). En deçà de six mois, l’hôpital dispose du corps, sauf si les parents le réclament pour l’inhumer. Il y a eu en Autriche tout un mouvement d’opinion en ce sens, demandant entre autres que les enfants non nés soient sujets de droits et reçoivent une sépulture. J’ai parfois célébré dans de telles circonstances. Je n’oublierai pas le geste d’une fillette embrassant le cercueil de son petit frère…
La tradition chrétienne a toujours manifesté un grand respect pour le corps, temple de l’âme et temple du Saint Esprit. Et un grand réalisme devant la mort, sans fascination morbide, mais sans la tentation inverse de la cacher, de l’oublier. Au plan psychologique, c’est une aide pour vivre le deuil. Au plan spirituel, c’est une invitation à suivre le Christ sur le chemin de la croix et de la résurrection.
Mais l’incinération n’est pas une pratique condamnable ; elle est sans doute la solution la moins éprouvante si l’enfant disparaît en début de grossesse et en milieu hospitalier. On peut célébrer les obsèques à l’église, même en l’absence du corps. On peut aussi vivre cette prière de l’adieu sans lui donner une forme liturgique solennelle. Cela peut prendre la forme d’une veillée de prière dans l’intimité. D’une manière ou d’une autre, il me paraît important de marquer l’événement, de le parler, de le prier. Vous savez que la liturgie des funérailles des enfants, à plus forte raison des plus petits d’entre eux, a une tonalité particulière, différente de celle des adultes. Elle fête le passage au Ciel d’un fils de Dieu qui n’a pas péché. Au cœur de l’épreuve elle est louange et affirmation d’une sûre espérance. C’est pourquoi les ornements sont blancs, comme pour Noël et Pâques, ces fêtes de la Vie.
(*) Extrait du livre Simples questions sur la vie chrétienne, éditions CLD.
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