Quels conseils donner à des parents qui ont perdu un enfant ? Voici quelques petites suggestions éprouvées pour ce temps d’épreuve.
Qui oserait penser qu’il peut donner des conseils pertinents à des parents dans la peine ? Le pape Jean-Paul II disait que parfois, face aux grandes souffrances, il faut le silence. La mort d’un enfant en est une.
Voici tout de même quelques suggestions que donnent souvent les couples qui ont connu cette épreuve de perdre un enfant :
1. Accompagner l’enfant dans sa maladie
- Par la parole d’abord : l’enfant a droit à une certaine vérité : il comprend très vite si on lui ment sur son état : maman ne me gronde même plus, même si j’arrache les cheveux de mon petit frère » disait Laurence, 7 ans. N’hésitons pas à lui dire qu’il a une maladie grave. Mais disons-le avec sérénité, et toujours avec une note d’espérance. Attention au désarroi des parents que l’enfant lit dans leurs yeux, ou aux paroles feutrées à son chevet.
- Par l’écoute : l’enfant doit pouvoir exprimer sa souffrance. Exprimée, elle est moins forte pour lui.
- Par le geste : il est des câlins qui font que l’enfant est presque ravi d’être malade.
2. L’enfant mort, ne pas craindre de crier sa peine, de pleurer
Trouver des amis auprès desquels on peut pleurer simplement sans explications… « Ce qui ma sauvé, c’est de pouvoir pleurer tout mon saoul, de dire et redire ma peine, parler et reparler de mon enfant. »
Pour les chrétiens : ne pas hésiter à « crier » sa peine et sa révolte dans sa prière.
3. Découvrir la gentillesse de votre entourage
Même si cette gentillesse ne dure pas toujours dans le temps, sachez l’apprécier. C’est dans la peine qu’on voit ses amis. Et ils existent, chaleureux et empressés, même s’ils sont parfois maladroits, même s’ils ne savent pas toujours faire silence ou trouver les mots qui ne font pas mal.
4. Éliminer tout sentiment de culpabilité
Quand on a cru bien faire, on n’est pas responsable des conséquences imprévisibles alors. C’est trop facile, après coup, de dire qu’il fallait agir autrement ! On peut se dire « si on avait su » mais justement, si vous aviez su, vous auriez fait autrement, donc ne pas culpabiliser !
5. Découvrir tout ce que cet enfant nous a apporté
Même si sa vie a été courte, faire mémoire de tout ce que l’enfant nous a apporté nous aide à mieux comprendre « l’utilité » de cette vie trop vite fauchée : on peut souvent lui dire merci, comme Patrice et Annick dans ce témoignage : « Adieu, Géraldine ».
6. Donner un sens à cet événement pour que justement cette mort soit « utile »
Pour des parents qui ont perdu un enfant, cette mort n’est-elle pas un appel à centrer sa vie sur l’essentiel, à mieux percevoir la gravité de l’expérience humaine ? La valeur accordée aux choses a changé. « Je suis persuadée que ma petite m’attend quelque part. Ce n’est pas la foi en Dieu qui me fait dire ça, c’est bien au-delà, quelque chose de viscéral. J’ai retiré de cette épreuve un amour insensé pour mes enfants. L’essentiel est là. ».
Cette mort n’est-elle pas pour le couple, pour la famille, une invitation à davantage se souder dans la peine, au lieu de s’arrêter sur des désaccords futiles ?
Cette mort n’est-elle pas une occasion de nous ouvrir au grand problème de la souffrance des autres ? Geneviève Jurgensen a fondé la Ligue contre la violence routière après l’accident mortel de ses deux filles, pour venir en aide aux familles…
Pour le papa comme pour la maman, la mort d’enfant est une très grande souffrance, qui nécessite un travail de deuil.
7. Commencer le lent mais nécessaire travail de deuil
Ce n’est pas évident d’accepter la mort d’un enfant. C’est même quasiment impossible. Mais il importe de ne pas rêver, de ne pas le considérer comme non-mort, comme toujours vivant (sinon, pour le croyant, dans l’au-delà, mais vivant autrement). Cet enfant est mort : on ne peut hélas plus espérer le revoir ici-bas, ni le serrer dans nos bras, la dalle du cimetière s’est refermée…
Il ne s’agit pas de cultiver systématiquement le souvenir, en faisant un musée de ses jouets ou vêtements : « j’ai découvert que ses petits habits demeureraient plus vivants s’ils retrouvaient le circuit de la vie, s’ils étaient portés par d’autres, garder ces deux petits chaussons, c’était le figer à l’âge de sa mort, puisque autrement il aurait grandi ».
II ne s’agit pas non plus de le faire revivre dans un autre enfant qui serait comme chargé de le remplacer. Un autre enfant peut opportunément être appelé à la vie, mais il est entendu qu’il est un autre, et qu’il ne portera pas le nom de l’enfant mort, et qu’on ne le mettra pas en comparaison avec lui.
Donc, en résumé :
- Quand le manque est trop lourd après la mort d’un enfant, le dire, le crier.
- Se donner le droit de revivre, sans culpabilité : des parents se refusent le droit de revivre, d’être heureux, puisque, pensent-ils, leur enfant ne vit pas.
- Regarder vers l’avenir, vers nos autres enfants qui ont besoin de tendresse. « Je n’avais pas le droit d’abimer la vie de mes proches. »
- Se donner le droit de re-sourire, d’être heureux : n’est-ce pas ce que notre enfant nous aurait souhaité ?
Le travail de deuil est fait quand on se surprend à pouvoir de nouveau rire sans culpabilité : on a intégré l’événement dans sa vie. Une maman témoigne : « Quelqu’un m’a dit aux obsèques : vous verrez, on s’habitue à tout. J’ai trouvé sur le coup cette parole brutale, mais aujourd’hui, je dis qu’elle est juste, je sais qu’on peut retrouver un bonheur ».
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Pour aller plus loin, sur ce sujet des parents qui ont perdu un enfant :
- Comment survivre à la mort d’un enfant ?
- Anne-Dauphine Julliand: « Thaïs n’a jamais été aussi présente. »
- « Adieu, Géraldine » : témoignage sur la perte d’un enfant
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